La France a fait le choix de suspendre le service national mais n'a pas voulu priver ses jeunes de connaissances sur les principes et les réalités de la défense de la France, des Français et des valeurs de la République. Le parcours de la citoyenneté, qui a remplacé l'appel sous les drapeaux, comprend le recensement de tous les jeunes de 16 ans, l'enseignement de la défense (à l'école, au collège et au lycée) et la journée défense et citoyenneté (JDC). Ce blog est consacré à l'enseignement de la défense au Lycée Uruguay-France, à l'histoire militaire de la région d'Avon et de Fontainebleau, au devoir de mémoire, aux relations entre les armées et la nation, et aux métiers proposés par les acteurs de la sécurité et de la défense.

1 février 2013

2 février 1943, fin de la bataille de Stalingrad

Il y a 70 ans, le 2 février 1943, se terminait la bataille de Stalingrad. Cet affrontement fit près d'un million de morts, civils comme militaires en six mois. Symbole tout à la fois de la guerre d'anéantissement, et du tournant de la Seconde Guerre mondiale, la bataille de Stalingrad est considérée comme la “mère” de toutes les batailles urbaines.

Infanterie allemande progressant dans Stalingrad.

Les Français ont connaissance de la bataille de Stalingrad par les actualités allemandes projetées dans les cinémas et par la presse contrôlée par les forces d’occupation. Cependant la Résistance de son côté informe la population par l’intermédiaire des radios de Moscou et surtout de Londres mais aussi par la presse écrite.
Les Archives départementales de Seine-et-Marne conservent dans ses fonds des documents qui nous éclairent sur les circonstances de la distribution de tracts comme celui-ci dont la profusion inquiétait les forces de l’ordre.

Tract découvert à Meaux le 31 décembre 1942.
Archives départementales de Seine-et-Marne (AD77, M4267)

Archives départementales de Seine-et-Marne (AD77, M4267)

Le 1er janvier 1943 un inspecteur du commissariat de Meaux écrit au chef du service de la Brigade régionale de police de sûreté à Paris pour lui rendre compte des circonstances de la découverte de 5 exemplaires ce tract « édité par le parti Communiste Français ».
Depuis le début de la semaine il avait organisé « la surveillance avec embuscade » de la place du Marché de Meaux entre 9h et minuit. Tous les passants croisés par l’inspecteur et trois gardiens de la paix devaient présenter leurs papiers d’identité et vider leurs poches et leurs sacs. Surveillance peu efficace car selon les mots mêmes de l’inspecteur « malgré la diligence apportée au cours des sondages ainsi effectués, aucun résultat n’a encore été obtenu ».
L’inspecteur en est réduit à effectuer des hypothèses : la diffusion des tracts de la nuit est « sans doute possible l’œuvre d’un individu sortant de la salle de spectacle du cinéma Palace » au moment où les spectateurs quittaient la salle en trop grand nombre pour pouvoir organiser leur fouille systématique.
Cette anecdote met en lumière l’extrême prudence adoptée par les résistants, ici communistes, pour distribuer des tracts en réduisant au maximum les risques d’être arrêtés.
La Seconde Guerre mondiale est aussi une guerre des mots et ce tract souligne à quel point l’Armée rouge et Staline jouissent jusqu’en Seine-et-Marne d’une fascination qui fait de la bataille de Stalingrad, ici aussi, un tournant de la guerre.