La France a fait le choix de suspendre le service national mais n'a pas voulu priver ses jeunes de connaissances sur les principes et les réalités de la défense de la France, des Français et des valeurs de la République. Le parcours de la citoyenneté, qui a remplacé l'appel sous les drapeaux, comprend le recensement de tous les jeunes de 16 ans, l'enseignement de la défense (à l'école, au collège et au lycée) et la journée défense et citoyenneté (JDC). Ce blog est consacré à l'enseignement de la défense au Lycée Uruguay-France, à l'histoire militaire de la région d'Avon et de Fontainebleau, au devoir de mémoire, aux relations entre les armées et la nation, et aux métiers proposés par les acteurs de la sécurité et de la défense.

12 juin 2016

Le 100e anniversaire de la bataille de Verdun

Le lycée Uruguay-France, et en particulier la section européenne-allemand, a participé le dimanche 29 mai à la commémoration du 100e anniversaire de la bataille de Verdun à Avon. 
Cette commémoration a été placée sous le triple signe du souvenir, de l'amitié franco-allemande et de la paix.

« La bataille de Verdun résonne dans la mémoire de tous les territoires de la République et chaque commune de France porte en elle son souvenir ». Elle est le symbole de l'engagement de tous les Français dans la Première Guerre mondiale, français de métropole, comme Indigènes des colonies, comme on disait alors.
Contrairement à d’autres champs de bataille de la Grande Guerre qui ont vu combattre et souffrir des soldats de toutes les nations engagées : français, allemands, anglais, belges, américains... Verdun est une bataille strictement franco-allemande.
Cette « hyper bataille » comme disent les historiens marque l’apogée de la confrontation séculaire entre les deux nations. Avec comme résultat la mort de cent-cinquante mille soldats français et de cent-cinquante mille soldats allemands.
C'est pour cette raison que le plus sanglant de tous les affrontements est peu à peu devenu le symbole de la réconciliation franco-allemande.
La présence à Avon aujourd'hui de représentants de l'armée française ainsi que de la Bundeswehr est le signe fort de cette fraternité des armes qui unit désormais nos deux nations.
Un autre symbole tout aussi fort de l’amitié franco-allemande est la présence ici d’élèves des classes européennes-allemand du lycée Uruguay-France d’Avon. Ces jeunes qui, depuis le collège, apprennent non seulement la langue mais s’imprègnent aussi de la culture de l’Allemagne, de son histoire, de sa littérature et participent à des voyages et à des échanges.
Ils sont les Européens de demain, les artisans de la réconciliation, de l’amitié et de la paix.

Madame le Maire d'Avon a lu le message de Jean-Marc Todeschini,  Secrétaire d’État auprès du Ministre de la Défense chargé des Anciens Combattants et de la Mémoire. 



En ce dimanche 29 mai 2016, la France commémore le  centenaire de la bataille de Verdun. Aujourd’hui, 50 ans après la cérémonie présidée par le général de Gaulle, le Président de la République française et la Chancelière de la République fédérale d’Allemagne se retrouvent sur les lieux où l’histoire s’est écrite.
Verdun est un symbole de notre mémoire nationale. Verdun, c’est d’abord un « enfer », celui de la guerre industrielle. De février à décembre, pendant 300 jours et 300 nuits, les armées allemande et française se sont affrontées, et plus de 300 000 soldats des deux camps y laissèrent leur vie. La terre où ils reposent encore aujourd’hui reste profondément bouleversée par ce déchaînement de violence.
Verdun, c’est aussi une ville martyre.
Verdun, c’est pour la France le symbole de la Grande Guerre. L’immense majorité des poilus de 1916 sont passés par Verdun.
Chaque famille, chaque commune, chaque territoire de France, a « fait Verdun ». La route de la « noria » par laquelle troupes et matériels sont acheminés vers le Front devient très vite la « Voie Sacrée », car la bataille de Verdun est la bataille de la France.
Verdun, c’est aussi le symbole fort de la réconciliation franco-allemande.
Le 22 septembre 1984, c’est devant l’ossuaire de Douaumont que François Mitterrand et Helmut Kohl se sont tenu la main. Il n’y avait pas de geste ni de lieu plus emblématique pour célébrer cette réconciliation.
Dans la continuité de ce geste, le Président de la République française et la Chancelière de la République fédérale d’Allemagne honorent aujourd’hui sur le champ de bataille et dans la ville de Verdun, les soldats et les civils dont la bataille a brisé les destins. Ils inaugurent ensemble le Mémorial de Verdun rénové, héritage des Anciens Combattants, qui rappelle à tous les visiteurs ce qu’a été la bataille des deux côtés du Front.
Alors que les derniers témoins ont disparu, il revient aux nouvelles générations de porter le souvenir de Verdun. C’est  pour cela que près de 4 000 jeunes français et allemands, venus de tous le s territoires, ont été invités à vivre à Verdun et sur le champ de bataille, ensemble, pendant plus de trois jours. Ce sont eux qui aujourd’hui sont au cœur de la cérémonie franco-allemande.
L’héritage de Verdun doit être pour nous une leçon de paix, une leçon d’Europe et l’occasion d’adresser un message d’espoir à la jeunesse.

Léna,DURCIK, Éloïse FAVEROLLE ,Camille FILLON , Lise FORTIN , Lucie JACQUIN , Anna KOCIOLEK , Benoît SALAMITO et Adèle SULVIC, élèves de la section européenne-allemand, ont lu, alternativement en allemand et en français des textes choisis avec Madame Agnès Michel-Skorupka ayant tous un lien avec la bataille de Verdun.

 


Die letzten Briefe eines Kämpfers vor Verdun : der Maler Franz MARC
Liebste,
Nun sind wir mittendrin in diesem ungeheuerlichsten aller Kriegstage. Die ganzen  französischen Linien sind durchbrochen. Von der wahnsinningen Wut und Gewalt des deutschen Vorsturmes kann sich kein Mensch einen Begriff machen, der das nicht mitgemacht hat. Wir sind im Wesentlichen Verfolgungstruppen.  [...] Verdun, – das hätte niemand geahnt, das ist das Unglaubliche […]
Mit Küssen dein Franz.
« Journal d’un brancardier » de Jean HUSTACHE – 1916           
« Jeudi 29 juin. Les débris du 106e sont donc revenus, couverts de boue des pieds à la tête ; il reste encore de l’énergie dans certains regards ; la plupart, cependant, sont complètement abrutis ; ils étaient partis 1 300 ou 1 400 et sont revenus 3 ou 400.
Là-haut c’est la « pagaille » complète, le désordre inexprimable ; des obus et des obus, et encore des obus.
On boit l’eau sale des trous d’obus ; on attaque à trente des redoutes dans lesquelles on trouve un homme vivant et fou furieux, un autre endormi, plus des monceaux de cadavres.
C’est la guerre des explosifs contre l’homme, et l’homme en sort toujours vaincu. »




Feldpostbrief des 20-jährigen Paul Boelicke, Theologiestudent, gefallen am 12. Oktober 1918 in Verdun:
"Verdun, ein furchtbares Wort! Unzählige Menschen, jung und hoffnungsvoll, haben hier ihr Leben lassen müssen, ihre Gebeine verwesen nun irgendwo, zwischen Stellungen, in Massengräbern, auf Friedhöfen. Kommt der Soldat morgens aus seinem Granatloch (viele sind ganz voll Wasser), so sieht er im hellen Sonnenschein die Türme des Douaumont oder eines anderen Forts, die ihre Augen drohend ins Hinterland richten. Ein Schütteln packt ihn, wenn er seine Blicke rundum schickt: hier hat der Tod seine Knochensaat ausgesät. Die Front wankt, heute hat der Feind die Höhe, morgen wir, irgendwo ist hier immer verzweifelter Kampf. Mancher, der sich eben noch der warmen Sonne freute, hörte es schon irgendwo brüllen und heulend herankommen. Dahin sind alle Träume von Frieden und Heimat, der Mensch wird zum Wurm und sucht sich das tiefste Loch. Trommelfelder-Schlachtfelder, auf denen nichts zu sehen ist als erstickender Qualm-Gas-Erd-Klumpen-Fetzen in der Luft, die wild durcheinander wirbeln: das ist Verdun."
 


« C’est la mort ! » de Maurice MARÉCHAL – avril 1916
« C’est la mort ! Et pourtant le soleil est venu, 
Et très doux, il éclaire de sa pâle lumière 
Les arbres déchiquetés, où restent suspendus 
Les noirs débris informes, et de rouges lanières.
Le sol est une mer qui serait pétrifiée
Où chaque nouvel obus fait un nouveau sillon.
On ramasse les morts. Là, dans la terre hachée
Un 305 a fait un cratère profond... »





La « Cote 304 » de Louis BARTHAS – 8 mai 1916
« Là, de la chair humaine avait été broyée, déchiquetée ; aux endroits où la terre avait bu du sang des essaims de mouches tourbillonnaient ; pourtant on ne voyait pas de cadavres mais on devinait leur présence, cachée sans doute dans des trous d'obus proches avec un peu de terre dessus, par des relents de chair corrompue. Partout des débris de toutes sortes, fusils brisés, sacs éventrés d'où s'échappaient des lettres tendres et de chers souvenirs conservés précieusement et que le vent dispersait, puis des bidons crevés, des musettes déchirées, le tout marqué au numéro du 125e régiment ! […]
« Je ne peux pas oublier » de Jean GIONO – 1937
« Vingt ans ont passé. Et depuis vingt ans, malgré la vie, les douleurs et les bonheurs, je ne me suis pas lavé de la guerre. L'horreur de ces quatre ans est toujours en moi. Je porte la marque. Tous les survivants portent la marquent.
Nous avons fait les Epargnes, Verdun-Vaux, Noyons-Saint-Quentin, le Chemin des Dames, l'attaque de Pinon, Chevrillon, le Kemmel. La 6ème compagnie a été remplie cent fois et cent fois d'hommes. La 6ème compagnie était un petit récipient de la 27ème division comme un boisseau à blé.
Quand le boisseau était vide d'hommes, enfin quand il n'en restait plus que quelques-uns au fond, comme des grains collés dans les rainures, on le remplissait de nouveau avec des hommes frais. On ainsi rempli la 6ème compagnie cent fois et cent fois d'hommes. Et cent fois on est allé la vider sous la meule. »
La cérémonie s'est cérémonie s'est poursuivie sur un rythme plus protocolaire avec le dépôt d'une gerbe de fleurs au pied du monument aux morts, puis par le respect d'une minute de silence, enfin par les hymnes français et allemand.
Marie-Charlotte Nouhaud, maire d'Avon et Roseline Sarkissian, conseillère régionale d'Ile-de-France, se recueillent devant le monument aux morts.


Les élèves du lycée Uruguay-France, leur professeur, les représentants des armées française et allemande et les élus devant le monument aux morts de la Grande Guerre.
Les porte-drapeaux sont toujours présents lors des cérémonies de commémoration.