Cette année encore des élèves du lycée Uruguay-France ont participé à la cérémonie de commémoration de l'Armistice au monument aux morts d'Avon.
Yanis ABDELMOUMNI, Tiphaine DANNOUX et Zoé YEGHICHEYAN de 1ère S1 ainsi qu'une correspondante allemande Léonie FUNCKE ont lu un texte sur la mort de Charles Péguy.
L’écrivain
Charles Péguy, lieutenant au 276ème régiment d’infanterie de
Coulommiers, est venu plisieurs fois à Fontainebleau pour y effectuer
« des périodes » en tant que réserviste, notamment au Camp d’Avon, à deux pas d’ici.
A
Villeroy, Le 5 septembre 1914, Charles Péguy mena à l’assaut une section de
soldats Seine-et-Marnais lors des premières heures de la bataille de la Marne.
Voici
le récit de Victor Boudon, un de ses hommes :
Un court instant de répit, puis Péguy nous
claironne : « En avant ! ».
Ah ! cette fois, c’est fini de rire !
Escaladant la talus et rasant le sol, l’arme à la main, courbés en deux, afin
d’offrir moins de prise aux balles, trébuchant dans les betteraves et les
mottes de terre, nous courons à l’assaut.
Le capitaine Guérin, est tué raide auprès d’un
gros arbre. La terrible moisson continue, effrayante ; la chanson de mort
bourdonne autour de nous.
Un premier bond, puis un deuxième nous portent
200 mètres en avant. Mais aller plus loin pour l’instant, en unique vague
d’assaut, sans une ligne de soutien en arrière, sur un terrain où la pente
déclinante et la grande visibilité de nos uniformes font de nous autant de
superbes cibles, c’est une folie, un massacre certain et général. Nous
n’arriverons pas 10 !
« Couchez-vous ! hurle Péguy, et feu à
volonté ! » mais lui reste debout, la lorgnette à la main, dirigeant
notre tir, héroïque dans l’enfer.
Nous tirons comme des enragés, noirs de
poudre ; le fusil nous brûlant les doigts, chacun creusant des mains la
terre, entre deux coups de feu, pour s’en faire un insuffisant abri.
À tout instant, ce sont des cris, des plaintes,
des râles ; des amis chers sont tués à mes côtés.
Combien sont morts ? On ne compte plus…
Péguy est toujours debout, malgré nos cris
de : « Couchez-vous ! » glorieux fou dans sa bravoure et la
voix du lieutenant crie toujours avec une énergie rageuse : « Tirez,
tirez, nom de Dieu ! »
Et il se dresse, comme un défi à la mitraille,
semblant appeler cette mort qu’il glorifiait dans ses vers. Au même instant,
une balle meurtrière brise ce noble front.
Discours de Marie-Charlotte NOUHAUD, maire d'Avon
Discours de Marie-Charlotte NOUHAUD, maire d'Avon
Madame la
Sous-préfète,
Monsieur le Maire,
Mesdames et
messieurs,
... et surtout
vous les nombreux enfants venus aujourd’hui,
Nous venons
d’entendre les noms des Cent-douze Avonnais morts pour la France.
Cent-douze !
Cent-douze
jeunes hommes pour une population d’un peu plus de 3 100 habitants !
Avon comme
toutes les communes de France, Avon comme les villes et villages de presque
toute l’Europe, Avon comme de nombreuses villes et villages du monde, Avon a
payé le terrible prix du sang lors de la Grande Guerre.
Cent-douze...
Au-delà des
chiffres il y a des destins. Parmi ceux-ci : Marcel MILLIEN.
Marcel MILLIEN
naquit à Avon le 9 mars 1892 et y travaillait comme ouvrier du bâtiment
spécialisé dans la construction de cheminées. Marcel MILLIEN mesurait 1m60 et
avait les yeux et les cheveux châtains. En 1913 il a été déclaré « bon
pour le service » et a été incorporé dans le 4ème bataillon de
chasseurs à pied à Saint-Nicolas-de-Port, en Lorraine, pour y effectuer son
service militaire. Il était donc déjà sous l’uniforme lorsque commença la
guerre le 3 août 1914.
Son bataillon
s’illustra dans la défense du secteur de Nancy. Après la bataille de la Marne
le bataillon est transféré sur le front de la Somme puis toujours plus loin vers
le Nord dans cette phase de la guerre qui a été appelée « la course à la
mer ». En novembre 1914 Marcel MILLIEN et ses camarades combattirent en Belgique
près d’Ypres. C’est à Voormezeele, que Marcel MILLIEN tomba sous les tirs de
l’artillerie allemande. C’était le 11 novembre 1914, il y a exactement 100 ans
aujourd’hui. Il avait un peu plus de 22 ans.
Des destins
comme celui de Marcel MILLIEN il y en a 111 autres sur ce monument et près d’un
million quatre-cent-mille dans toute la France.
Si nous
honorons aujourd’hui les tués de la Grande Guerre nous ne devons pas oublier
pour autant les blessés, les amputés, les gazés, les « gueules
cassées »... qui ont survécu tant bien que mal au conflit ; ainsi que
les veuves, les orphelins et tous les endeuillés. Toutes et tous ont été
durablement marqués et ont souhaité que la Grande Guerre soit la dernière des
guerres, la « der des ders ».
La journée du
11 novembre est destinée à commémorer les « morts pour la France »
mais aussi la Paix. C’est pour la paix que ces hommes sont morts et c’est pour
maintenir la paix que paradoxalement de jeunes soldats français risquent, et
même donnent, aujourd’hui encore leur vie au Mali, en République centrafricaine
ou en Irak.
Vous les
jeunes, vous les enfants, vous qui nous faites l’immense honneur de participer
à cette cérémonie du souvenir ; en lisant des textes, en chantant la Marseillaise vous défendez les
valeurs de la République. Ces valeurs reposent sur des principes forts :
la liberté, l’égalité, la fraternité bien sûr ; mais aussi la solidarité,
le respect, la dignité. C’est en défendant ces valeurs que vous participerez à
la construction d’une France forte dans une Europe fraternelle et, espérons-le,
dans un monde de paix.
Encore
une fois je vous remercie.