La France a fait le choix de suspendre le service national mais n'a pas voulu priver ses jeunes de connaissances sur les principes et les réalités de la défense de la France, des Français et des valeurs de la République. Le parcours de la citoyenneté, qui a remplacé l'appel sous les drapeaux, comprend le recensement de tous les jeunes de 16 ans, l'enseignement de la défense (à l'école, au collège et au lycée) et la journée défense et citoyenneté (JDC). Ce blog est consacré à l'enseignement de la défense au Lycée Uruguay-France, à l'histoire militaire de la région d'Avon et de Fontainebleau, au devoir de mémoire, aux relations entre les armées et la nation, et aux métiers proposés par les acteurs de la sécurité et de la défense.

23 février 2010

Le 46e régiment d'infanterie à Fontainebleau

Le 46ème régiment d'infanterie est en garnison à Fontainebleau de 1886 à 1939.

Le 46ème régiment d’infanterie est un des plus vieux régiments de l’armée française puisqu’il a été créé en 1644, sous le nom de Mazarin-Français rebaptisé très peu de temps après régiment de Castelnau. Comme toutes les unités de l’armée française, le régiment change de nom au fil des événements qui jalonnent l’histoire militaire. Il devient ainsi régiment d'Hocquincourt en 1651 puis régiment de Bretagne en 1658.

En 1790, l’Assemblée législative qui réorganise complètement l’armée française préfère attribuer des numéros aux régiments dont la dénomination fleure trop l’Ancien régime; c'est pourquoi en 1791 Bretagne-Infanterie devient le 46ème régiment d’infanterie. En 1793, le gouvernement de la jeune république décide d’abolir le terme même de régiment afin de mieux réussir l’amalgame entre les soldats des anciens régiments royaux – les blancs – et les volontaires nationaux venus défendre la patrie en danger – les bleus. Des soldats du 23ème régiment d’infanterie et des volontaires nationaux du département de l’Isère sont ainsi « amalgamés » pour créer la 46ème demi-brigade de bataille – surnommée « la Terrible »– en 1794. Lors du « second amalgame » de 1796 pas moins de huit bataillons, aux effectifs très réduits en raison des pertes considérables lors des campagnes qui ont permis de sauver la République, sont nécessaires pour créer la nouvelle 46ème demi-brigade d’infanterie de ligne.

En 1803 Napoléon Bonaparte, alors Premier consul, rétablit l’ancienne appellation ; la 46ème demi-brigade est rebaptisée 46ème régiment d’infanterie de ligne. Le régiment participe à toutes les campagnes de l’Empire, il est à Austerlitz, à Iéna, à Eylau, à Essling, à Wagram, à Moscou, à Leipzig, à Montereau et à Waterloo.

En 1815 les régiments de l’armée française sont dissous. Louis XVIII et les armées européennes coalisées craignent les anciens soldats de l’Empereur et veulent détruire les traditions et la gloire acquises lors des 23 années de guerre ininterrompues. En 1816 est créée la 35ème légion d’Indre-et-Loire qui est renommée en 1820 46ème régiment d’infanterie de ligne. Le régiment participe en 1828 et 1829 à la guerre d’indépendance de la Grèce en combattant les Ottomans en « Morée ». En garnison à Strasbourg en 1836, il fait échouer la tentative de coup d’Etat du jeune Louis-Napoléon Bonaparte.

Sous le second Empire, en 1854, il prend son nom définitif : 46ème régiment d’infanterie. Le régiment participe à la campagne de Crimée (1854-1855), à la campagne d’Italie en 1859 et à la désastreuse guerre franco-prussienne de 1870-1871. Reformé après la défaite, un des bataillons du 46ème régiment d’infanterie participe à la conquête de la Tunisie entre 1881 et 1883 et un détachement à l’expédition de Madagascar.


A partir de 1886 le 46ème régiment d’infanterie est partagé entre Paris et Fontainebleau. Deux bataillons du régiment sont à Paris, caserne Reuilly, où ils assurent – avec 35 autres bataillons – un service lié aux particularités de la capitale : gardes, escortes, service d’honneur, et parfois maintien de l’ordre. Deux grandes cérémonies marquent l’année, la revue du 14 juillet à Longchamps, et en avril la revue de Vincennes. La revue de Longchamps était un grand évènement parisien, un ballet militaire grandiose, organisé par le gouverneur militaire de Paris. Trois divisions d’infanterie y représentaient l’arme, bataillons carrés, douze mille pantalons rouges, une forêt de baïonnettes surmontée des drapeaux et précédée des musiques.


Une fois par an les bataillons parisiens retrouvent leurs camarades à Fontainebleau pour les manœuvres.

Un bataillon est logé dans la caserne Damesme, rue Saint-Merry où se trouve aussi le dépôt du régiment. C’est à Fontainebleau que les soldats affectés au 46ème suivent les longues semaines d’instruction enchaînant les écoles du peloton et de tir, les longues marches et les nuits sous la tente. Régulièrement les réservistes viennent y effectuer des « périodes ». Ces hommes ont terminé depuis plusieurs années leur service militaire actif mais sont tenus de s’instruire afin de tenir leur rang dans le 246ème régiment d’infanterie qui est le régiment de réserve du 46ème.

La salle d'honneur du 46ème RI dans la caserne Damesme.
Sous le portrait du président de la République se trouvent les drapeaux des deux régiments: le 46ème (sur lequel sont brodés les noms des victoires suivantes Zurich 1799, Austerlitz 1805, La Moskova 1812, Sébastopol 1855) et son régiment de réserve, le 246ème RI.
Le 46ème régiment d’infanterie est un des régiments de la 10ème division d’infanterie dans laquelle se trouvent deux autres régiments seine-et-marnais, le 31ème RI de Melun et le 76ème RI de Coulommiers.

Le journal des marches et opérations (JMO) du régiment rédigé à partir du jour de la mobilisation commence ainsi : « le 46e Régt. d’Infanterie prend part à la campagne de 1914 contre l’Allemagne formant avec le 89ème d’inf. la 19ème Brigade, 10ème Division, 5ème Corps, 3ème Armée (général Ruffey). »

Le journal de marche indique les effectifs du régiment à la mobilisation : à sa tête 50 officiers dont 38 d’active et 12 de réserve et 3322 hommes de troupe (1017 au 1er bataillon, 1006 au 2ème, 1022 au 3ème et 277 dans la compagnie hors-rang) Chaque bataillon est divisé en 4 compagnies dont les effectifs oscillent entre 245 et 269 hommes. Le régiment est commandé par le colonel Maleterre secondé par le lieutenant-colonel Miégeville.

Aux premiers jours d'août 1914 le 46ème régiment d’infanterie quitte Fontainebleau pour le front. Après une messe célébrée à 5 h du matin le régiment est passé en revue par le colonel Maleterre qui rappelle à ses soldats les objectifs de la guerre : « Vous rapporterez l’Alsace et la Lorraine à la pointe de vos baïonnettes. Je lis la victoire dans vos yeux comme vous la lisez dans les miens. » L’Abeille de Fontainebleau décrit le départ du régiment, la plupart des soldats ont une fleur au fusil...


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