La France a fait le choix de suspendre le service national mais n'a pas voulu priver ses jeunes de connaissances sur les principes et les réalités de la défense de la France, des Français et des valeurs de la République. Le parcours de la citoyenneté, qui a remplacé l'appel sous les drapeaux, comprend le recensement de tous les jeunes de 16 ans, l'enseignement de la défense (à l'école, au collège et au lycée) et la journée défense et citoyenneté (JDC). Ce blog est consacré à l'enseignement de la défense au Lycée Uruguay-France, à l'histoire militaire de la région d'Avon et de Fontainebleau, au devoir de mémoire, aux relations entre les armées et la nation, et aux métiers proposés par les acteurs de la sécurité et de la défense.

30 janvier 2010

Les affiches de la Guerre civile espagnole (1936-1939)

Du 18 au 29 janvier 2010 le lycée Uruguay-France a présenté une exposition consacrée aux affiches de la guerre civile espagnole (1936-1939).



La vingtaine d’affiches qui a été exposée provient de la Bibliothèque de documentation internationale contemporaine (BDIC) et du Musée de l’histoire contemporaine.

Conflit majeur et pourtant méconnu, la guerre d’Espagne est à la fois une terrible guerre civile et un affrontement international. Guerre civile qui a vu s’affronter pendant près de trois années les forces insurrectionnelles des nationalistes conduits par le général Franco et les armées républicaines défendant les valeurs et les acquis du Frente popular. Affrontement international qui est en quelque sorte un prélude à la Seconde guerre mondiale : l'Italie fasciste et l'Allemagne nazie envoient des soldats, des chars et des avions pour aider les nationalistes ; de l'autre côté, l'URSS fournit aux Républicains des cadres, du matériel et de l'argent et les volontaires des Brigades internationales, venus, entre autres, de France, de Grande-Bretagne, des Etats-Unis, donnent leur vie pour défendre la liberté et combattre le fascisme.



La guerre civile a fait plus de 400 000 morts. Plus de 500 000 Républicains sont mis en prison par le régime franquiste qui a exercé sa poigne sur l’Espagne jusqu’en 1975, 400 000 dont une majorité de femmes et d'enfants, se sont réfugiés en France, où ils ont parfois été enfermés dans des camps. Ce sont désormais leurs descendants qui portent la mémoire de cette tragédie.

Toutes les affiches proviennent du camp républicain. Elles permettent malgré tout de dresser un tableau complet de la guerre et d’aborder toutes les problématiques du conflit.

Le programme social du Frente Popular, et au-delà de la République, est évoqué par des affiches qui montrent des enfants à l’école, des actions en faveur des femmes maltraitées, des paysans enfin libres, des ouvriers fiers de leur travail.



La caricature permet de désigner les composantes des forces nationalistes : l’Eglise, l’armée, la bourgeoisie embarquées avec des mercenaires marocains dans la Junta de Burgos vont pendre l’Espagne à une potence.



La mort est omniprésente. L’Eglise catholique sème la mort sur l’Espagne, alors qu’un travailleur catalan est crucifié sur une croix gammée. Le danger fasciste apparait aussi sous la forme des avions allemands qui bombardent Madrid et qui enfouissent les enfants sous les ruines. Les flammes, le sang, la douleur sont partout.



Les affiches exaltent aussi le courage des combattants. Le talent des affichistes, comme ceux du Syndicats des dessinateurs catalans, permet de souligner la jeunesse et la beauté de ces hommes et de ces femmes qui se battent pour la République espagnole et pour la liberté du monde.

La division politique des forces républicaine apparait clairement. Les commanditaires des affiches sont socialistes, communistes, ou anarchistes, membres de partis ou militants syndicaux. Elles sont rédigées en espagnol ou en catalan.

Des affiches rédigées en français sont des appels, non pas au secours, mais à la solidarité. La république espagnole combat le fascisme pour vous, mais attention, en cas de défaite le soldat allemand franchira les Pyrénées un couteau entre les dents…



Au delà de l'histoire, la visite de l'exposition a permis de questionner les élèves sur les notions de propagande, de communication politique, et surtout d'engagement. Le refus de la guerre, l'idée que les malheurs n'arrivent qu'aux autres, n'ont-ils pas favorisé la montée en puissance du fascisme et du nazisme en Europe dans les années 1930? Le pacifisme une des causes de la guerre, c'est sur cette question a priori paradoxale que les visites se sont achevées.

L’exposition a rencontré son public, 12 classes du Lycée Uruguay-France conduites par leur professeur d'espagnol ou d'histoire-géographie l’ont visitée ainsi qu’une classe du Collège de la Vallée d’Avon, et une autre du Lycée François Couperin de Fontainebleau.


L'exposition a été organisée par Mme Marchal-Estrada (professeur d'espagnol), Mme Ibarra (professeur documentaliste) et M. Plancke (professeur d'histoire-géographie).