La France a fait le choix de suspendre le service national mais n'a pas voulu priver ses jeunes de connaissances sur les principes et les réalités de la défense de la France, des Français et des valeurs de la République. Le parcours de la citoyenneté, qui a remplacé l'appel sous les drapeaux, comprend le recensement de tous les jeunes de 16 ans, l'enseignement de la défense (à l'école, au collège et au lycée) et la journée défense et citoyenneté (JDC). Ce blog est consacré à l'enseignement de la défense au Lycée Uruguay-France, à l'histoire militaire de la région d'Avon et de Fontainebleau, au devoir de mémoire, aux relations entre les armées et la nation, et aux métiers proposés par les acteurs de la sécurité et de la défense.

21 novembre 2017

Le lycée Uruguay-France a participé à la cérémonie du 11 novembre 2017

Comme tous les ans, une délégation d'élèves du lycée Uruguay-France a participé à la cérémonie du 11 novembre. Accompagné par Madame Agnès Michel-Skorupka, leur professeure d'histoire-géographie, ils ont lu des textes évoquant l'année 1917 et en particulier l'effrayante bataille du Chemin des Dames.
Lors de chaque cérémonie le chef d'établissement, ou un de ses adjoints, dépose une gerbe de fleurs au pied du monument aux morts. C'est Monsieur Pascal Costes, le proviseur, qui a effectué ce geste émouvant au nom du lycée.

Lettre de Paul Clerfeuille, 16 avril 1917
« Nous partons vers 8 heures du soir par une nuit obscure ; l’ennemi ralentit son bombardement ; nous marchons en tous sens pendant quatre heures dures et pénibles, nous gravissons des ravins, redescendons, heurtons à chaque pas des morts. Il y a bien quelques Allemands, mais très peu.
Enfin, vers minuit, nous arrivons à l’endroit qui nous est désigné et que nous cherchons dans le chaos, les trous d’obus, les morts, les ténèbres, les engins de mort, la faim, la soif, l’inquiétude et la fièvre. Nous remplaçons un bataillon qui n’a presque plus personne, mon escouade va remplacer une escouade de grenadiers qui tous furent tués par un obus allemand. Ils étaient blottis dans l’entrée d’un gourbi allemand. L’obus tomba malheureusement dans le groupe. Pas un seul n’échappa à la mort. Quelques-uns agonisèrent lamentablement, sans que, dans cet enfer, il fût possible de les secourir. Le jour arrive, mardi 17 avril, nous sommes gelés et une eau glaciale a succédé à la neige. 18 avril, c’est l’enfer et je ne puis exprimer les horreurs, les souffrances que nous avons endurées dans ce coin de terre de France ! Il faut y être passé pour comprendre. »

Pierre Teilhard de Chardin, Aux armées avec les tirailleurs, 1917
« Je suis monté, au crépuscule, sur la colline d'où l'on découvre le secteur que nous venons de quitter, et où nous remonterons sans doute bientôt. Devant moi, au-delà des prairies voilées de brume naissante, où les coudes de l'Aisne font des taches laiteuses, la crête dénudée du Chemin des Dames se détache, nette comme une lame, sur le couchant doré. De loin en loin, une torpille fait jaillir un tourbillon de fumée silencieuse. Ce soir, plus que jamais, dans ce cadre merveilleusement calme et excitant où, à l'abri des violentes émotions et de la tension excessive des tranchées, je sens se raviver, dans leur milieu natif, les impressions déposées en moi par trois années de guerre, le front m'ensorcelle. Et j'interroge ardemment la ligne sacrée des levées de terre et des éclatements, la ligne des fusées qui commencent à monter. Quelles sont donc, enfin, les propriétés de cette ligne fascinante et mortelle ? »  


Lettre d’un soldat du 128e régiment d’infanterie
« 24 mai 1917. Voici les faits. La journée s’était passée dans le plus grand calme, il y avait eu même moins d’abus sur le pinard que les jours précédents. Mais après un petit incident à la 11e Compagnie (assaut de boxe du lieutenant avec un poilu) juste au moment de la soupe, il fut décidé que personne ne monterait. Les officiers ayant eu vent de cette rumeur passèrent dans leurs compagnies à la soupe afin de sonder les poilus et les exhorter au calme et à monter quand même. Rien à faire : tout était décidé ; à 17 heures, heure du rassemblement, tous sortirent dans la rue en veste et calot, et entonnèrent l’Internationale. Les fusils-mitrailleurs étaient braqués, prêts à tirer si une compagnie avait le malheur de monter. Commandant, colonel et général de Corps vinrent supplier les hommes. Ce dernier fut hué au cri de « À mort !».
Vous voyez d’ici le tableau. »

Louis Aragon, « Plus belle que les larmes », Les yeux d’Elsa
 « Créneaux de la mémoire ici nous accoudâmes
Nos désirs de vingt ans au ciel en porte à faux
Ce n'était pas l'amour mais le Chemin des Dame
Voyageur souviens-toi du Moulin de Laffaux. »