La France a fait le choix de suspendre le service national mais n'a pas voulu priver ses jeunes de connaissances sur les principes et les réalités de la défense de la France, des Français et des valeurs de la République. Le parcours de la citoyenneté, qui a remplacé l'appel sous les drapeaux, comprend le recensement de tous les jeunes de 16 ans, l'enseignement de la défense (à l'école, au collège et au lycée) et la journée défense et citoyenneté (JDC). Ce blog est consacré à l'enseignement de la défense au Lycée Uruguay-France, à l'histoire militaire de la région d'Avon et de Fontainebleau, au devoir de mémoire, aux relations entre les armées et la nation, et aux métiers proposés par les acteurs de la sécurité et de la défense.

16 novembre 2010

La cérémonie du 11 novembre à Avon

Le 92e anniversaire de l'armistice du 11 novembre 1918

La cérémonie du 11 novembre obéit à un rituel, qui sans être immuable, reste semblable d’une année sur l’autre maintenant ainsi bien vivantes des traditions dont l’objectif prioritaire est la transmission aux jeunes générations de la mémoire de la Grande guerre.

A Avon la cérémonie est orchestrée par M. Jean-Pierre Peltot.

Le cortège se forme devant l’entrée principale du cimetière dans l’ordre suivant :

  • En tête la musique qui joue une marche militaire, 
  • les jeunes sapeurs-pompiers,
  • des enfants des écoles d’Avon,
  • les scouts,
  • les porte-drapeaux des associations d’anciens combattants et prisonniers de guerre,
  • le maire d’Avon, un adjoint de la commune voisine de Fontainebleau, les adjoints et conseillers municipaux d’Avon,
  • les délégations militaires, (officiers et sous-officiers de l’école de gendarmerie de Fontainebleau, du centre national des sports de la défense), des représentants du commissariat de police et des sapeurs-pompiers,
  • les anciens combattants et victimes de guerre, les membres des associations préservant le souvenir de la déportation,
  • et clôturant la marche, la population.

Le cortège prend place autour du carré militaire dans lequel reposent les corps de 70 soldats morts pour la France entre 1914 et 1918. Les tombes - 64 - sont moins nombreuses que les tués car dans certaines d’entre elles sont enterrés deux frères ou encore un père et son fils.


Les participants une fois en place, la fanfare joue la sonnerie du Garde à vous. Les militaires ainsi que tous ceux qui portent l’uniforme s’exécutent. La fanfare joue alors Au drapeau pendant qu’un grand drapeau tricolore est hissé en haut du mat situé au centre du carré.


Les enfants et les scouts déposent ensuite un bouquet de fleurs sur chaque tombe.


Le maître de la cérémonie ordonne alors : repos.


Le cortège se reforme alors et, musique en tête se rend devant le Monument aux morts. C’est le second temps fort de la cérémonie. Devant le monument, les participants se disposent à nouveau en carré, les porte-drapeaux de part et d’autre de l’espace destiné à recevoir les gerbes de fleurs.



La fanfare entonne à nouveau le Garde à vous et c’est dans cette position que les participants à la cérémonie écoutent les lectures successives de textes qui donnent à la commémoration de l’anniversaire de la Grande guerre à la fois son unité et sa diversité.


Unité puisque dans toutes les cérémonies qui se tiennent au même moment en France sont lus les messages de l’Union Française des Associations de Combattants et de Victimes de guerre et celui du Secrétaire d'État aux anciens combattants. Dans ce dernier, lu par M. Jean-Pierre Le Poulain maire d’Avon, le lien est fait entre l’armistice du 11 novembre 1918, le 90e anniversaire du choix du Soldat inconnu qui représente depuis tous les poilus morts pour la France, le 11 novembre 1940 qui a vu des étudiants et des lycéens parisiens braver l’interdiction de commémorer l’anniversaire de l’armistice par les occupants nazis et notre temps.
Diversité car chaque célébration est marquée par l’histoire du lieu et par la volonté de mettre l’accent sur une priorité. A Avon c’est la volonté d’associer la jeunesse qui est mise en avant.


Des élèves du collège de la vallée lisent des extraits des Poèmes de la paix et de la guerre de Guillaume Apollinaire, qu’ils ont choisis avec leur professeur d’histoire.

La musique joue une nouvelle fois le Garde à vous, c’est le moment du dépôt des gerbes. 
  • La première est déposée par Mmes Cahin-Duby, proviseure du lycée Uruguay-France et Eripret, principale du Collège de la Vallée,
  • la deuxième par le lieutenant-colonel Hageman pour la société d’entraide des membres de la Légion d’honneur,
  • la troisième par Monsieur Jean-Pierre Le Poulain, maire d’Avon, accompagné de Monsieur Jean-Christophe Laprée, adjoint au maire de Fontainebleau.



De part et d’autre du Monument aux morts quatre adjoints au maire et conseillers municipaux lisent les noms des 117 soldats morts pour la France. C’est un des moments les plus émouvants de la cérémonie.


Un clairon et les tambours jouent alors la sonnerie Aux morts. Les dernières notes restent comme suspendues le temps d’une minute de silence.


La fanfare complète interprète la Marseillaise reprise à haute voix par une partie des participants, militaires et civils.


La cérémonie est alors terminée. C’est le moment pour les autorités de saluer les porte-drapeaux.


Message du 11 novembre 2010


Le 11 novembre 1918 à 11 heures, au son des clairons sur la ligne de front et des cloches des églises dans toutes les villes et les villages de France, prenait fin le plus terrible conflit que l'humanité ait connu jusqu'alors et dont personne n'imaginait alors qu'il ouvrait un siècle marqué par le retour de la barbarie et de l'inhumanité au cœur même de la civilisation européenne et dans le monde.

L'armistice signé dans la clairière de Rethondes, en forêt de Compiègne, quelques heures auparavant, scellait la victoire si chèrement acquise de la France et de ses alliés sur l'Empire allemand, tombé deux jours plus tôt.
Cette Première Guerre mondiale, qui devait être « la der des ders » la mémoire collective l'a retenue sous le nom de Grande Guerre, non pas pour en magnifier le souvenir, mais parce que son ampleur inédite, la violence extrême de ses combats, la puissance destructrice employée et le nombre de morts, de blessés, d'invalides et de "gueules cassées" qu'elle provoqua ont marqué à jamais notre conscience nationale.

Aucune famille, aucun village, aucune ville ne furent épargnés par la douleur et le deuil. Deux ans après la fin de cette tragédie, la Nation a souhaité rendre hommage à tous ceux qui souffrirent, parfois au delà de toute mesure durant cette terrible épreuve.

Pour que le pays tout entier n'oublie jamais le sacrifice de ses enfants, le corps d'un soldat français non identifié, «petit soldat glorieux et anonyme » choisi au hasard parmi les Poilus morts pour la France, et les symbolisant tous, fut placé dans une chapelle ardente dressée dans l'Arc de Triomphe. C'était il y a quatre-vingt-dix ans, le 11 novembre 1920.

Selon la belle formule d'Henri de Jouvenel : « c'est lui, l'inconnu, l'anonyme, le simple soldat, qui donne tout son sens à l'Arc de triomphe ».

Ce corps fut inhumé sous la Dalle Sacrée le 28 janvier 1921. Et depuis le 11 novembre 1923, sans interruption, la Flamme du souvenir brille à ses côtés, ravivée chaque soir, sur la Dalle Sacrée.

Célébrée tous les ans dans l'ensemble des communes de France, la journée nationale du 11 novembre, dénommée « fête de la Victoire et de la paix » par la loi du 24 octobre 1922, reste la plus emblématique des commémorations car elle symbolise par excellence le sacrifice pour la France de ses enfants.

En 1940, alors que la France était en souffrance, abasourdie par sa défaite, coupée en deux, en partie occupée, alors que l'engagement dans la France Libre ou dans les prémisses de la résistance intérieure étaient encore affaire d'individualités aussi remarquables que peu nombreuses, c'est le 11 novembre que se leva, sur le territoire métropolitain, le premier écho populaire à "appel historique du Général de Gaulle lancé le 18 juin depuis la radio de Londres.

Ce 11 novembre 1940, des milliers de Français décidèrent de témoigner leur opposition à l'occupant et à la politique de collaboration que voulait mener le gouvernement du Maréchal Pétain. Ils le firent en rendant hommage à leurs ainés de 1914-1918.

A Paris, tout au long de la journée, quatre à cinq mille lycéens et étudiants bravèrent l'occupant pour aller déposer des centaines de bouquets et plusieurs gerbes sur la tombe du Soldat Inconnu.

En province, bien d'autres Français célébrèrent individuellement ou collectivement, la signature de l'Armistice de 1918. Ils le firent chacun à leur manière, en hissant un drapeau tricolore sur la cathédrale de Nantes, ou en arborant modestement à la boutonnière une croix de Lorraine, signe de ralliement des Français libres...

Dans les années trente, la commémoration du 11 novembre était l'occasion de se recueillir et de rendre un vibrant hommage aux morts de 1914-1918. Pendant l'Occupation, elle devint un symbole porteur des valeurs de la Résistance.

Aujourd’hui, elle incarne l'espérance européenne et la réconciliation franco-allemande, vecteurs d'une Europe en paix, unie, solidaire et forte.

Elle est aussi l'occasion de rendre hommage, sous l'Arc de Triomphe comme devant chaque monument aux morts, à nos soldats qui font aujourd'hui encore le sacrifice de leur vie pour la paix et la liberté dans le monde.

« Tu iras honorer le soldat inconnu ». Le mot d'ordre des étudiants et lycéens du 11 novembre 1940 demeure, par delà les générations, l'un des plus beaux commandements de notre République.

Hubert FALCO, secrétaire d'Etat à la défense et aux anciens combattants